La vie de deux adolescents juifs et angevins qui ont tenté d’échapper aux rafles mais qui ont été déportés. Puis le travail d’histoire et de Mémoire du collège-lycée David d’Angers
Introduction
Durant la Seconde Guerre Mondiale, sur les 300 000 juifs vivant en France, de nombreuses personnes persécutées ont tenté d’échapper aux rafles et aux arrestations qui ont concerné 77 000 personnes. Nous étudions le cas de deux adolescents juifs et angevins en se demandant en quoi, pour ces jeunes adolescents juifs, essayer d’échapper aux rafles est une forme de résistance au sens large du terme. Et comment le collège-lycée David d’Angers a réalisé un travail d’histoire et leur rend hommage ?
Dans un premier temps, nous analyserons la vie de ces deux adolescents Nathan Lassman et Francis Lévy .
Puis, en seconde partie, nous étudierons les actes de résistances qu’ils ont commis ou tentés.
Enfin, nous présenterons le travail d’histoire et de Mémoire mise en place par l’établissement David d’Angers .
I/ Les tentatives d ‘opposition à la persécution
Nathan Lassman et Francis Levy sont deux adolescents juifs et étudiants, pour l’un au collège et pour l’autre au lycée, David d’Angers.
En 1939, lorsque la Seconde Guerre Mondiale commence, Francis Lévy et sa famille ont dû quitter Paris pour s’installer à Angers. Le jeune homme rejoint le lycée David d’Angers de 1140 élèves après avoir quitté l’établissement Pasteur de Neuilly-sur-Seine. Toute la famille Lévy s’adapte à la ville, les études des enfants se passent bien et la boutique dans laquelle ils s’étaient installés à 1 place du Ralliement tourne très bien.
Puis le 18 octobre 1940, Georges, le père de Francis, se trouve obligé de mettre dans sa devanture indiquant que son magasin est un «magasin juif». Il le fait mais accompagne cette affiche de ses décorations de la guerre 14-18 lui valant ainsi une visite de la police française qui considérait cet acte comme une forme d’opposition.
Puis, fin octobre de la même année, les membres de la familles ont pour obligation de se faire recenser en tant que «juif» mais Francis et sa sœur aînée n’ont pas pu s’y rendre le jour demandé (peut-être souhaitaient-ils faire acte d’opposition une seconde fois), leur valant ainsi une seconde confrontation avec les autorités françaises.
Le port de l’étoile arrive en 1942, le père de Francis Lévy, résiste et s’oppose au fait de la porter. Il se fait alors arrêter le 8 juin 1942.
Francis, lui, la porte au lycée et continue ses études. André Santerre témoigne: «Francis Lévy était dans ma classe en terminale au Lycée David d’Angers. Francis était très intelligent, de taille moyenne et chétif. Nous avons passé le baccalauréat ensemble oraux et écrits à Angers en 1942.»
Sa petite sœur, Maud, fait de même et la porte au collège Joachim du Bellay où elle poursuit sa scolarité.
Francis Lévy au 1er plan et son camarade M.Souchet en 1938
(collection personnelle), panneau lycée David d’Angers 2017
Nathan Lassman, né comme son camarade à Paris, est venu s’installer à Angers, au 4 rue Saint Laud à partir de 1939. Son père était marchand mais il perd malheureusement son commerce et la famille est obligée de déménager, ils s’installent alors rue de la Chaussée Saint Pierre.
Le jeune garçon a été admis en 6ème au collège David d’Angers et à seulement 12 ans, il se distingue en sciences naturelles jusqu’à obtenir le prix d’excellence en juillet 1941.
Nathan Lassman en 1942
Archives Nationale de Caen
Panneau lycée David d’Angers 2017
II/ Echapper aux rafles : une forme de résistance
Francis Lévy, 1942
La grande rafle d’Angers est prévue pour le 15 juillet 1942, un jour avant celle du Vel d’Hiv. La famille Lévy reste sur Angers en attendant que la plus grande sœur de Francis passe ses examens de troisième année de pharmacie. L’idée de fuir ,à la suite des études de la fille aînée, leur reste en tête, mais il n’ont assurément pas conscience qu’en restant trop longtemps sur Angers, leurs vies sont en danger.
Les Lassman, eux, prennent la fuite dès que la rafle fut déclarée et, d’après certains témoignages, retournent à Paris se cacher.
Ils sont malheureusement tous deux (Nathan Lassman et Francis Lévy) arrêtés. Pour l’un, avec son père Michel à la Rochefoucault en Charente lorsqu’ils passaient la ligne de démarcation le 25 juin 1942, et pour l’autre, avec sa mère et sa sœur aînée le jour de la rafle (15 juillet 1942).
Francis Lévy retrouve son père Georges au grand séminaire de la rue Barra. Ils sont tous transférés sur un quai de trains afin de rejoindre le convoi numéro 8, le seul parti de province directement pour Auschwitz. Il quitte la gare d’Angers le 20 juillet vers 20h35 et arrive le 23 juillet à Auschwitz où le cauchemar continue. La mère et la sœur aînée Lévy sont assassinées le 25 juillet. Georges, son père, meurt le 16 août. Francis, lui, mourra le 29 septembre, le même jour que sa petite sœur Maud qui faisait partie des dizaines d’enfants juifs, âgés de 2 à 14 ans, hébergés aux Ponts-de-Cé, malheureusement déportés deux mois après.
Auschwitz Birkenau, février 2018
Nathan Lassman, lui quitte son père lorsque celui ci est arrêté et emmené à Angers pour le convoi numéro 8 (le même que celui des Lévy) et reste seul au camp de Poitiers. Il est ensuite déporté par le convoi numéro 36 au départ de Drancy le 23 septembre 1942. Il mourra dans une chambre à gaz le 29 septembre, aux côtés de son camarade Francis Lévy.
III/ En mémoire des deux jeunes angevins, persécutés et morts en déportation
Nathan Lassman et Francis Lévy sont encore aujourd’hui dans nos mémoires.
Photographie » Le Courrier de l’Ouest »
lien vers le site de la Ligue des Droits de l’Homme qui reprend l’article
En effet, le 11 mai 2017, une plaque au lycée David d’Angers a été posée en hommage à ces deux jeunes hommes morts pendant la seconde Guerre Mondiale sous prétexte qu’ils étaient juifs. Leurs noms sont gravés en lettre d’or sur une plaque noire.
Plaque lycée David d’Angers
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C’est un parent d’élève du lycée David d’Angers, Mme Lemierre, qui a mené deux ans de recherches pour ainsi dévoiler leur histoire tragique. La recherche est partie de son fils dont l’arrière grande-tante a été déportée avec ses deux enfants de 11 et 6 ans assassinés dans le centre de mise à mort d’Auschwitz. Plusieurs panneaux réalisés par des collégiens et des lycéens ont aussi été présentés dans le hall du lycée. Une cérémonie a eu lieu lors de l’inauguration de la plaque.
Lien vers l’article de Ouest- France
Photographie de la plaque et montage . Ouest France
Cette plaque est comme une preuve de la Shoah perpétrée en Anjou.
D’autres recherches se poursuivent au lycée Chevrollier et à l’école Condorcet.
Minute de silence en l’honneur de Nathan Lassman et Francis Lévy,
stèles près du Krématorium V
février 2018
Un travail de mémoire a été fait et est toujours en cours pour que le souvenir de ces deux adolescents ainsi que pour tous les autres élèves persécutés durant cette guerre perdure.
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Par ailleurs, l’un des panneaux réalisés par des élèves du lycée en 2017 était consacré à Claude Katz, élève à David D’ Angers de 1928 à 1941,puis étudiant à Grenoble qui s’engagea dans la Résistance comme volontaire dans un bataillon de chasseurs alpins du maquis du Vercors. Blessé puis tué par l’armée allemande en 1944, son nom figure sur le monument aux morts du lycée David d’Angers.
Conclusion
Pour conclure, nous constatons que Francis Levy et Nathan Lassman étaient compris dans les 76 000 juifs déportés en France.
De plus, suite à nos recherches sur ces deux adolescents juifs et leur famille, nous avons remarqué divers actes d’opposition. Les faits de placer ses décorations militaires à côté de l’indication » magasin juif », de refuser de porter l’étoile jaune, de tenter de passer la ligne de démarcation, de fuir,… mobilisent les services du gouvernement de Vichy ou de l’occupant allemand et présentent une forme de résistance au sens large du terme.
Par ailleurs, leur engagement pour la France réside dans le fait que ces deux jeunes souhaitaient rester en vie et ainsi faire perdurer une population de religion juive dans le pays. Ces deux jeunes ont perdu la vie mais leurs actions sont restées dans les mémoires en montrant leur histoire et leur opposition au gouvernement de Vichy et à l’oppression nazie.
Au lycée David d’Angers, un travail important d’histoire et une plaque dans la cour d’Honneur leur rendent hommage.
Sources
Travail sur la Mémoire de Mme Lemierre, parent d’élève du lycée David d’Angers.
Panneaux réalisés par les élèves du lycée David en 2017
Article du journal Ouest France 2017
BLONDEL Sarah
LE TURDU Enora
RADISON Ralinirina
Plaque lycée David d’Angers
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