Collégiens et lycéens, à l’honneur lors du 4ème concours d’éloquence

I) « Je suis libre, je fais ce que je veux ! » .

Collégiens et lycéens à l’honneur, le 10 mai, lors du concours d’éloquence 2019 du lycée Bergson !

De futurs ténors du barreau seront très certainement à compter parmi les élèves de seconde et ceux de troisième des collèges Jean Vilar (Angers) et Jean Racine (St Georges/ Loire) entrés en lice à l’occasion du quatrième concours d’éloquence sur un thème imposé : «  Je suis libre, je fais ce que je veux ! ».

Venus proférer leur discours devant un amphithéâtre bondé, ils ont rappelé à Erysichthon, personnage des Métamorphoses d’Ovide, en proie à l’hybris, ce qu’il en coûte, fût-on Roi, de s’attaquer à un arbre sacré protégé de la déesse Cérès. Réquisitoires ou suppliques, Faustine, Mathilde, Charles-Edern (seconde 7), Fortunata, Stephen, Omnia (troisièmes A et B de Jean Vilar), Josepha, Nolwenn et Mélissa (Troisième A de Jean Racine), ont convoqué, avec une aisance impressionnante, métaphores filées, interrogations rhétoriques et rythmes ternaires, dans un français des plus riches et des plus châtiés, sous le regard de leurs professeurs de français émus, mais aussi des deux chefs d’établissement présents, de Madame Jégo, Inspectrice pédagogique régionale, référente du réseau d’éducation prioritaire J.Vilar, de Mme Fuzel, encore tout récemment professeur d’anglais au lycée et de quelques membres de la communauté éducative  : Mme Hadancourt, CPE, Madame Hamel Broza, Proviseur –Adjoint. Tous ont eu la gentillesse de bien vouloir se dérober quelque temps à leur lourde tâche, pour venir entendre ces très jeunes candidats, dont l’émotion fut aisément concevable.

Leur ont succédé, et sans démériter, loin s’en faut, les premières et les terminales du lycée : deux premières manches, au cours desquelles se sont affrontés, en combat singulier, partisans et opposants de la liberté inconditionnelle, puis une troisième, consacrée à un débat improvisé contradictoire entre deux groupes.

Humour, « Witz », arguments surprenants de finesse et de pertinence ont ravi le jury. Ont été ainsi couronnés, à titre individuel, Hani Bonetti, (1ère ESA) Salomé Boissard (1ère LB) et Kenza Bourget (TESA). Le prix du meilleur débat de groupe a été attribué à Manon (1ESA), Mathieu (TESA) et Kenza (TESA).

Théâtralité ou rigueur de l’argumentation ? Le choix fut ardu, a conclu un membre du jury, très enthousiaste, cependant, à l’égard de ces prestations toutes qualifiées de « remarquables ». Les organisateurs de ce quatrième concours présidé par Mme Roche, Proviseur du lycée, tiennent, de leur côté, à féliciter tous les élèves, lesquels, par leur travail collaboratif d’écriture et de mise en voix, par leur soutien indéfectible également, ont contribué à la brillante réussite de leurs camarades.

II) Les  prix des lycéens

 

Prix spécial individuel

1er prix lors du  débat de Groupe

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  échange par équipe

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  échange par équipe

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  3ème prix individuel

Prix spécial pour des élèves de 2nde 7

III)  « Je suis libre, je fais ce que je veux ! »… du 1er prix individuel  Hani Bonetti (discours par un groupe d’élèves de 1ère ESa)

« Encore faudrait-il être libre.

   Ah la liberté ; un gros mot bien court. Liberté ! Liberté ! Paul Eluard l’aura écrite, Charles Aznavour chantée et Eugène Delacroix peinte dans l’espoir toujours qu’il se réalise, ce gros mot.

   Certains vous diront que la liberté de chacun trouve ces limites là où celle des autres commence. Ils en sont libres, je ne le nierai pas. Libres d’imposer eux-mêmes des limites à la liberté.

 La liberté, une utopie.

   La liberté d’imaginer un monde où l’on est libre. Libre de faire des choix, des choix imposés. La liberté d’agir, un mensonge.

   La liberté de penser. Oh non ils ne l’auront pas. Comment pourraient-ils nous la prendre si nous même ne la possédons pas. Nous pensons de façon réduite, et j’en suis le premier accablé. Mais c’est une vérité ! Car la penser est un héritage social qui ne nous est pas propre. La liberté de penser n’est qu’un ramassis de belles paroles.

   La liberté d’expression. S’exprimer, oui, mais sans vexer, sans insulter, sans choquer. S’exprimer comme le monde le veut !  Encore une désillusion.

   La liberté d’exister. Celle avec un grand « L ». Votre liberté ! Qu’est ce que la liberté si vous n’êtes pas ce que vous voulez être. Être ou ne pas être, telle est la question. Regardez-vous et questionnez-vous.

Avez-vous choisi votre sexe, votre couleur de peau ou même de naître ?

Avez-vous choisi vos origines, votre milieu social ? Vous-êtes-vous choisi vous-même ?

Non ! et c’est là une liberté limitée… limitée par la vie et la condition humaine. Limitée par la mort et par l’amour. Limitée par une destinée précise…

Alors oui, nous sommes maîtres de notre destin, mais c’est un destin prédéterminé par l’argent et le temps qu’il nous restent.

Jean Jacques Rousseau a dit : « l’argent que l’on possède est l’instrument de la liberté, celui que l’on pourchasse est celui de la servitude. »

   Vous êtes prisonniers d’un système basé sur la finance qui donne l’illusion d’une liberté fantasmée. Alors chevauchez vos étalons d’argent et dégainez vos armes d’or pour protéger votre tour d’ivoire aux barreaux endiamantés de pierres précieuses. Mais vos armes une fois fondues prennent la forme de ces chaînes qui vous aliènent et mettent à mal vos audaces.

   En 1789 a été créée la constitution française dont le premier article précise que les « Hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit ». C’est une bien belle ouverture emplie d’espoir et de bonne volonté. Pourtant, en 1804, le code civil prévoit que le mari doit protection à sa femme, et la femme obéissance à son mari. Alors, à moins que la femme ne soit pas humaine, la promesse d’égalité entre les « Hommes » de 1789 n’est pas respectée. Elle est même insultée par un patriarcat étatique ! Si, en France, l’égalité entre hommes et femmes sur le plan juridique ne se forme qu’après 155 ans de mensonges en 1944, avec le droit de vote et l’éligibilité de la femme, alors pourquoi la liberté humaine serait, quant à elle, valable depuis notre révolution et bien avant encore ?

Je vais vous le dire : parce que l’homme est un doux rêveur !

   Ce sont les faits mesdames et messieurs. Les faits et rien d’autre ! Sans mensonges ni fioritures ! Je ne fais que dire ce que le monde s’efforce de cacher pour conserver un fantasme né de l’orgueil des Hommes : celui d’être libre ! Ne faites pas la même erreur et privilégiez les faits au sentiment de puissance que procure l’impression de liberté.

   Je n’aurai qu’une question pour vous. Pour vous qui êtes ici à écouter ce que j’ai choisi de dire car là est mon unique liberté, celle de la prendre lorsqu’elle m’est imposée.

   Pourquoi ne pas être nu ? Ici, maintenant, aux yeux de tous !

 Oh comme cela serait choquant ! comme ça serait déplacé ! 

« Pas ici, faîtes ça chez vous ! » « N’avez-vous donc aucune pudeur ? »

   Et vous laissez encore le bénéfice du doute à la liberté ? Des populations comme les Awà d’Amazonie jugées primitives par nous qui nous considérons modernes et civilisés le font, eux, se promener nus dans leurs rues, sans aucun complexe. Pour nous, ils sont primaires et en retard sur leur époque. Pour eux, nous nous déshumanisons et nous cachons derrière nos vêtements tous plus ridicules les uns que les autres.

   Codes sociaux sur codes sociaux qui nous poussent à imaginer une liberté dérisoire et impossible d’accès à cause de la présence des autres qui, souvenez-vous, imposent des limites à notre liberté pour leur liberté. Mais sans les autres nous ne sommes rien, et sans rien, il n’y a pas de liberté. Jean Paul Sartre a dit : « l’Enfer, c’est les autres. » mais je préfère l’Enfer à la solitude.

   Alors discutons et débattons tant que nous le pouvons. Mais respectons les règles, il ne faudrait pas perdre notre liberté pour mauvaise conduite ».

IV)  » Non, on ne peut pas dire,  je suis libre, je fais ce que je veux » du 2ème prix individuel, Salomé Boissard, (discours écrit par  Salomé Boissard, relu et corrigé par les élèves de 1ère Lb et leur professeur de lettres)

 »  Non, on ne peut pas dire  » je suis libre, je fais ce que je veux ». je vais vous le démontrer.

 

1. I) Je suis libre mais je ne fais pas ce que je veux. Liberté, égalité, fraternité, OK mais on vit ensemble, il y a des règles à respecter. Effectivement, si personne ne les respecte, c’est la jungle, le chaos. C’est iNné-vitable!

Je ne peux pas repeindre votre voiture même si je la préfère en rose, je ne peux pas car je respecte vos choix, et pour moi, c’est une forme de liberté que de respecter les choix d’autrui.

 

1. II) Ensuite, quand on a des contraintes, on a des libertés. Mais si! Cette idée paraît invraisemblable, mais si! Laissez-moi vous expliquer… Comme dirait John Locke:  » Les lois ne limitent pas la liberté, mais au contraire elles l’augmentent ». Et effectivement, franchir les limites nous donne une sensation de liberté. Si tout le monde était libre, saurions-nous que nous sommes libres? Aurions-nous cette sensation d’être humain, d’être vivant? Je ne pense pas… si nous n’avions aucune notion de ce qu’est la liberté, nous n’aurions aucune envie de la rechercher, de l’acquérir.*silence*

 

III)     Alors non, je n’ai pas le droit d’écrire ce que je veux, la loi me l’interdit, mais, je peux continuer à le penser! Qu’est-ce qui m’en empêche? La liberté dépend de soi! De sa façon de penser, de sa façon d’être, et d’aimer! La loi ne pourra jamais m’empêcher de croire dans les idées auxquelles je crois: Pour certains il s’agit de leur religion, pour d’autres de leurs rêves et pour certains encore d’eux-mêmes… Vous êtes donc maître de votre vie et de vos libertés! Saisissez-vous en!

 

1. IV) Et heureusement! heureusement que la loi existe! Imaginez cette vie de souffrance, de peine, de peur que d’être un timide, un handicapé ou un introverti; écrasé, écrasé par ceux qui n’ont ni maître ni loi. La liberté serait leur, serait celle des plus robustes, des plus immoraux, de tous ceux qui sont sans pitié!

La loi du plus fort, la jungle!

 

1. V) Mais, connaîtrait-on l’égalité et la fraternité dans cette trop grande liberté? Les plus forts feraient-ils attention « au visage de l’autre », comme l’écrit Emmanuel Levinas? Mesureraient-ils ces hommes qui se pensent les plus forts, que la liberté est la plus belle mais la plus dangereuse des conditions sur Terre?

Ces lois, ces contraintes, ces bornes, ces limites,(*silence* ) souvenez-vous, c’est l’homme qui les a choisies, pensées, construites pour son bien-être et celui de ses frères.

Appliquez-les! »

V) Discours de Faustine Avrillaud ( seconde 7).

I) Oh toi Erésychton ! Homme profane qui veut abattre mon tronc, pourquoi avoir planté ta hache dans mon écorce sacrée ? Mes feuilles maintenant pleurent, s’arrachent, meurent de douleur

II) Quelle sombre erreur ! Connais-tu seulement les conséquences qui te seront infligées si tu poursuis cet ubris ? Connais-tu seulement le châtiment qui t’attend ? Sache que derrière moi se cachent des dieux qui se vengeront en te faisant vivre un véritable enfer !!!! Regarde ! Mire ces jeunes Dryades blessées qui pleurent déjà ma mort …

Les dieux ne pourront l’accepter !

III) Tu crois être libre en me faisant périr, mais en réalité, tu n’es qu’esclave de ta colère, de ta jalousie, de ton égoïsme ! Pourquoi m’offenser ainsi ? Pourquoi vouloir ma mort ?

Crois-tu que, moi, lorsque Borée brise l’une de mes branches, je me venge ? Crois-tu que moi, mû de ma seule colère, je cesserais d’offrir l’hospitalité aux oiseaux et à tous les animaux qui viennent s’abriter sous mon feuillage ?

Mais, regarde-toi, Erésychton, tu serais même prêt à vendre ta fille moult fois pour ton seul et unique intérêt personnel. Même si peu d’individus t’importent, ta fille est ta progéniture, as-tu songé à elle ?

Vas-y frappe ! Acharne-toi ! Vas-y, continue, assène tes coups furieux, poursuis, commet cet acte immonde, puisque nul ici-bas ne peut s’opposer à ta folie. Cependant, souviens toi : ce n’est pas un acte de liberté, c’est un acte de pure cruauté !

IV) Crois-moi, Erésychton, si tu veux que les dieux t’épargnent, si tu veux conserver ta propre liberté, épargne aussi les autres.

Un homme n’est bon, un homme n’est libre, que s’il rend les autres heureux !

GUEDON Lisa, AVRILLAUD Clarisse, AVRILLAUD Faustine, ROCHER CAMPAS Valentine ( 2nde 7)