Grâce au témoignage de deux enfants de résistants vendéens ayant vécu pendant la période de l’occupation de la France par les nazis, nous analyserons les actes de ces hommes ainsi que leur idéologies, valeurs opposées au nazisme.
La seconde guerre mondiale, le génocide juif ainsi que la Résistance sont toujours présents dans les souvenirs des français. Dans ce travail de mémoire, nous allons premièrement vous présenter le contexte historique national et régional en développement sur la Vendée principalement. Dans un second temps, nous vous raconterons et expliquerons pourquoi des français se sont engagés dans la résistance et comment , à l’aide du témoignage de Mme. Rousseau-Rambaud et M.Buton. Nous terminerons en développent les différentes façons d’honorer ceux qui ont été dans la Résistance.
I) Une région stratégique, occupée dès juin 1940.
En 1939, le Royaume-Uni et la France déclarent la guerre à l’Allemagne mais dès juin 1940, suite à la défaite des français, le maréchal Pétain demande l’armistice à l’Allemagne. Le général de Gaules exilé à Londres lance un appel à la Résistance.
Très rapidement les forces nazies arrivent à Angers qui deviendra ensuite la capitale militaire allemande du grand ouest. La région des Pays de la Loire, en zone occupée dès juin 1940, a subi durant 4 ans l’occupation allemande qui était cependant inégale avec un contraste entre les villes et les campagnes. Cette région possédait un enjeu géostratégique durant la guerre car elle avait une ouverture maritime importante. Les allemands ont donc construit un grand nombre de Blockhaus de peur d’un débarquement allié sur la cote Atlantique. Tout le nord de la France a été occupé par l’Allemagne nazie, ainsi que toute la cote Atlantique, comme le montre la carte ci-dessous . Au sud existait une zone libre jusqu’en novembre 1942.
II) Louis Buton et Michel Rambaud, deux défenseurs de la République en Vendée.
Photo de M.Buton (à gauche) et de camarades durant la guerre 14-18
Nous allons maintenant vous montrer à l’aide d’un témoignage de deux enfants de résistants vendéens , M. Buton et Mme Rousseau-Rambaud. Pourquoi certains entraient dans la résistance ainsi que la façon dont leurs pères s’y sont engagés, tout en évoquant le contexte historique de la Vendée durant la guerre. Tout d’abord, il est important de savoir qu ‘avant la guerre, la Vendée est une terre très pratiquante sur le plan religieux, sans unanimité sur le plan politique autour de la III République, certains vendéens restant royalistes. Durant la guerre, ce département va être en grande partie en accord avec le régime de Vichy car l’église, qui était omniprésente, et certains notables étaient souvent pétainistes ; l’évêque de Luçon a ainsi refusé toute sorte de résistances. Les résistants ne sont donc pas soumis à l’église catholique ; ils sont peu nombreux avant 1944, moins de 1% de la population active. Ceux qui s’engagent appartiennent souvent à des familles meurtries par la guerre 14-18 ou désirant défendre la Liberté sous toutes ces formes. C’est le cas pour M. Rambaud. D’autres s’engagent car ils désirent une «revanche» et car la paix est compromise par l’invasion d’Hitler comme M. Buton. Le reste de la société vendéenne, souvent, ne comprend pas au début cet engagement, cela oblige donc les familles de résistants à rester discret et à former des groupes pour s’entourer et avoir quelques soutiens. Le père de M. Buton était un ancien combattant de la guerre 14-18.
Portrait de Mr. Michel Rambaud
M. Rambaud exerçait le métier d’instituteur. M.Buton exerçait le métier de vétérinaire sans diplôme. Lorsque que le maréchal Pétain signe l’armistice, ils décident tous deux de s’engager en tant que résistants. Ce sont des pacifistes, républicains. Parmi ces résistants, nombreuses sont les femmes bien qu’elles ne portent pas d’armes ; La mère de Mme Rousseau-Rambaud fut très engagée et d’un soutien important pour son mari. Les deux enfants de résistants, avec qui nous avons discuté, nous ont également dit que leurs deux familles, opposées au régime de Vichy et aux nazis, avaient pour objectif de refonder une République défendant la Liberté,l’Egalité, la Fraternité et la Patrie. Il était ainsi inadmissible pour eux de laisser l’état français ou les nazis persécuter les juifs, les noirs, les tziganes pour mettre en avant une race censée être supérieure, la race aryenne. Ces deux républicains furent aussi des militants de la justice sociale.
III) M. Rambaud, chef militaire du Sud Vendée, et M. Buton : des résistant très actifs.
M. Buton et M. Rambaud s’impliquaient dans la Résistance en récupérant les armes parachutées ou en effectuant des sabotages. Ils stockaient souvent leurs armes dans les fermes des agriculteurs des alentours. Les enfants avaient eux pour mission d’aller écouter la radio qui était brouillée chez les gens ayant l’électricité afin de récupérer des messages codés pour prévenir d’un événement. Ils ne sont pas conscients de ce qu’ils font, ce sont des enfants, ils savent cependant qu’il est important de rester très discret. Les résistants avaient besoin d’une réelle force de caractère.
Le capitaine Auguste rapporte les dernières paroles, après son arrestation, de Michel Rambaud, chef militaire du Sud vendée.
« Mon vieux nous risquons de ne pas en sortir mais quand on commence quelque chose il faut le mener à bien et quoiqu’il arrive je resterai a mon poste, j’irais jusqu’au bout.D’ailleurs si nous ne faisons rien, nous n’en sortirons jamais et nous n’aurons certainement que cette occasion d’agir dans notre vie. Et pour l’avenir si nous voulons garder pour notre pays et nous-mêmes le droit à la parole, le droit à la vie, le droit de participer en peuple libre à la rénovation du monde et à l’amélioration de la condition humaine, il nous faut dès aujourd’hui oeuvrer et nous ne pouvons le faire que les armes à la main. »
IV) La déportation pour ces deux résistants, les 1ers maquis puis la Libération
La forte occupation militaire dans la région (40 000 à 50 000 soldats sur les zones côtières et dans les villes) a cependant beaucoup freiné la résistance en particulier en Vendée. En 1943-1944, les arrestations s’enchainent, petit à petit les allemands repèrent et déportent un grand nombre de résistants, parmi eux M. Rambaud qui meurt en déportation et M. Buton qui reviendra à la fin de la guerre en très mauvaise santé.
Maquisards, à Dompierre, en août 1944.
Source « Occupation, résistance en Vendée » de Michel Gautier
Au printemps 1944, des maquis se forment malgré tout en Vendée, 4 000 hommes se retrouvent sous l’uniforme FFI (Force Française de l’Intérieur) Ils utilisent des techniques similaires à celle des guérillas.
V) Une Mémoire et des valeurs toujours d’actualité.
Lorsque la guerre fut terminée, il y eu immédiatement une volonté de Mémoire dans les villes comme à Luçon avec une rue rebaptisée Michel Rambaud. Tous ces résistants sont considérés comme des héros. Et, plus tard, pour les 70 ans de la fin de la guerre, la mémoire continue avec des défilés dans les rues comme à Luçon, ville de 10 000 habitants en Vendée, des discours, une immense ferveur et beaucoup de tendresse. Certains enfants de cette ville ont même pris l’initiative de planter des cèdres dédiés à ces hommes.
Mme Michelle Rambaud, fille de Michel Rambaud,
le maire de Luçon et le préfet de Vendée, après la Libération
–
« Après l’épreuve des camps, Louis Buton écrivit ses souvenirs sur des cahiers d’écolier à l’intention de sa famille. Cet émouvant témoignage de vie, de l’enfance au retour de déportation, est un acte de foi dans la dignité inaliénable de l’homme » .Résumé de livre » Louis Buton un vendéen résistant et déporté ». Paru en mars 2003 Geste editions / Témoignages.
——————————————-
Nous conclurons donc en disant que les vendéens qui se sont engagés pour la France avait pour but de former des groupes capables de résister en communiquant des informations aux alliés ou en réceptionnant des armes parachutées. lls sont nombreux à avoir été arrêtés en raison d’une forte présence militaire mais la résistance a cependant été effective notamment grâce aux maquis en 1944. Tous ces hommes ou femmes se sont engagés au nom de plusieurs valeurs: Liberté, Egalité, Fraternité, Patrie. Ils souhaitaient le retour d’une démocratie lorsque la France serait libérée, cela a eu lieu avec le Gouvernement Provisoire de la République Française dont De Gaulle a été le président du conseil de 1944 à 1946. Les valeurs pour lesquelles se sont engagées M. Buton et M. Rambaud ont donc été rétablies. Depuis la guerre, nombreuses ont été les initiatives pour la mémoire de ces hommes comme nous l’ont raconté leurs enfants, M. Buton et Mme Rousseau Rambaud.
Sources
Dossier CNRD Pays de la Loire 2010 lien
entretiens avec M.Buton, fils et Mme Rousseau-Rambaud
Nino LIGONNIERE et Noé BONDU